Vivre dans un habitat participatif

De 22 décembre 2022 Abonnés
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Nous sommes donc 12 foyers à nous être lancés dans l’aventure dont des séniors et des familles avec de jeunes enfants. Nous partageons notre quotidien, chacun s’engageant au respect de la vie privée de chacun, tout en ayant le souci du bien commun. Notre maison commune, bâtie pour être un lieu de partage et de convivialité, regroupe des espaces tels que salles, chambre d’amis, buanderie, atelier de bricolage, chaufferie collective. Nos espaces verts permettent le jardinage, les jeux d’enfants… les aménagements et l’entretien se faisant ensemble. Notre lieu se veut aussi ouvert sur le lotissement et ses logements sociaux.

Il s’agit d’un Ecohabitat relié à Habitat Participatif France, non-confessionnelhabitat participatif mais qui s’est donné une charte sur laquelle s’engage chaque habitant. Cette charte basée « sur la confiance réciproque, développe des valeurs de mutualisation, d’entraide intergénérationnelle, d’échanges de service, de simplicité, de sobriété, d’écologie ». Des valeurs qui pour moi, ont un goût d’évangile et sur lesquelles j’essaye d’appuyer ma vie à la suite du Christ. Tout cela rejoint aussi fortement les propositions de l’encyclique « Laudato Si » et m’encourage à leur mise en œuvre. En effet, ce lieu de vie favorable et son groupe d’habitants motivés sont pour moi au quotidien un moteur pour m’engager toujours plus dans une manière de vivre plus éthique et plus fraternelle. J’expérimente sans cesse qu’à plusieurs s’ouvrent de nouveaux possibles. Seule, je n’aurais pas pu me lancer dans une construction écologique, dans une production d’électricité verte et locale en participant à une centrale solaire citoyenne, dans la mutualisation de lieux communs et le partage de bien communs. Mais avec mes co-habitants, cela a pu se réaliser. De même, ensemble nous avons pu nous mettre à une autre façon de jardiner plus respectueuse de la biodiversité et devenir refuge de la LPO (Ligue Protection des Oiseaux). Chacun met la main à la pâte selon ce qu’il lui est possible de donner de son temps, de sa disponibilité, de ses compétences, au profit du bien commun.

L’actualité et la crise d’aujourd’hui nous ont amenés à réfléchir entre habitants à la sobriété énergétique, à nous asseoir autour d’une table pour chercher ensemble comment réduire nos consommations, pour nous entraider à « vivre mieux avec moins », à chercher des solutions avec ceux et celles qui sont le plus en difficulté. Une façon de faire preuve d’intelligence collective là où seule je peux me trouver démunie ou découragée ! Tous ces échanges sont pour moi l’occasion de me laisser questionner, bousculer pour trouver la façon la plus ajustée de vivre cette conversion.

Je fais également l’expérience que la crise écologique pose la question du sens et qu’elle peut être pour moi un moyen de rejoindre en particulier les jeunes générations sur leurs chemins de recherche spirituelle.

Notre lieu de vie nous permet aussi de vivre l’hospitalité car grâce à la mise à disposition du studio de l’une d’entre nous, nous accueillons, par l’intermédiaire du réseau Welcome, un jeune réfugié au sein de notre habitat.

Toutes ces expériences vécues les uns avec les autres et les uns par les autres, m’amènent à reprendre Laudato Si n°208 « Il est toujours possible de développer la capacité à sortir de soi vers l’autre…/… ainsi quand nous sommes capables de dépasser l’individualisme, un autre style de vie peut réellement se développer et un changement devient possible dans la société. »

Cela fait aussi écho pour moi à ce que dit le Pape au n° 212 : « Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde. Ces actions répandent dans la société un bien qui produit toujours des fruits au-delà de ce que l’on peut constater. »

Je suis pleine de gratitude pour ce lieu de vie et ses habitants qui me montrent chaque jour que ce qui n’est pas possible à réaliser seul, le devient à plusieurs… qui m’invitent sans cesse à faire un pas de plus et m’aident à aller vers un style de vie plus durable et plus juste.
Bernadette Galy

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