
Atau di Yutom ni salé karesi bandor…
(Seigneur mon Dieu, de toute mon âme, je te rends grâce pour toujours…)
Cela fait déjà 50 ans que j’essaye de comprendre ou de prendre conscience qu’un disciple appelé n’est pas quelqu’un de parfait. Il est appelé avec ce qu’il est : ses faiblesses, ses limites et ses peurs, tel qu’il est. Vivre à la suite du Christ, c’est Lui faire confiance, faire confiance à sa Parole entendue au quotidien et la mettre en pratique, L’aimer en aimant les autres. Suivre le Christ dans la vie religieuse, c’est exigeant. Cela demande un oubli de soi pour aller vers l’autre et l’aimer tel qu’il est avec respect. Mais la vie religieuse c’est aussi un chemin de Bonheur ! Après ces 50 ans, je peux témoigner de cette joie, de ce bonheur de vivre tout pour le Christ. Oui, je suis heureuse ! Vie et bonheur pour ceux qui cherchent Dieu, nous dit le psalmiste.
Je suis née d’une famille de six enfants à Brin, je suis la 2ème de la famille. Mes parents étaient pauvres mais ils nous ont élevés dans la foi et l’amour. La foi était leur richesse. Papa était catéchiste durant des années et il faisait partie de la chorale grégorienne de la paroisse. Ils nous ont appris à prier ensemble avant de dormir. Tous les jours, nous répétions la leçon de catéchèse orale qui nous avait été enseignée. Si celle-ci n’avait pas été bien comprise, papa la reprenait. La famille était unie.
Comment j’ai connu les sœurs deSaint Joseph et y suis rentrée ? En 1957, les sœurs de Saint Joseph sont arrivées au village, à Brin. Elles étaient 5 si ma mémoire est bonne… Elles tenaient l’école, le dispensaire, le centre ménager. Il y avait un orphelinat. J’étais en classe de CM1 que tenait Mr Jérôme Badiane, mais quelques mois après il a changé de classe. Il est passé au CE2 et nous avons continué avec Sœur Thérèse de l’Enfant Jésus. Avec elle, nous avons aussi fait les CVAV, la catéchèse et elle nous racontait la vie des saints. J’appréciais son enseignement. Ce qui m’a alors frappée chez ces sœurs : leur accueil sans distinction, leur simplicité, leur générosité. Elles avaient un regard particulier pour les pauvres, les démunis. Elles rendaient visites aux gens dans leur maison. Elles allaient à la léproserie. Ainsi, chaque Noël, les lépreux avaient de quoi faire la fête ensemble : huile, riz, viande,… tout ce qu’il faut pour qu’ils puissent partager un bon repas ensemble. Tout le monde recevait un vêtement neuf.
J’admirais leur façon de vivre et je cherchais à savoir ce qui les animait. Un jour, j’ai approché celle qui m’enseignait au CM2 pour lui partager mon désir de devenir sœur et lui demander ce qu’il fallait faire pour être sœur. Sa réponse a été : « Etudie bien d’abord en classe ». Après mon certificat d’étude, elle s’est approchée de moi pour me demander ce que j’allais faire ? J’ai répondu que j’allais aller à Dakar comme les autres car mes parents n’avaient pas l’argent pour me payer les études au collège de Bignona. Deux jours après, la supérieure, Sœur Louise Antonie, me proposait d’aller travailler chez elles. J’ai alors répondu qu’il fallait en parler avec mes parents. Elles ont convoqué Papa en ma présence et j’ai accepté de rester à Brin chez les sœurs. J’ai appris à coudre, à faire la cuisine française. La supérieure se faisait un plaisir à m’apprendre. Elle m’a appris à faire attention au matériel, à ne pas gaspiller, à prendre soin des choses. Elles m’ont appris à prier. C’étaient des femmes qui prient.
Ce que j’ai découvert d’elles a fait naitre en moi le désir de faire comme elles, de donner ma vie au Seigneur, au service des pauvres.
Je suis restée 3 ans avec elles. A la visite de la supérieure générale, celle-ci m’a demandé si je voulais aller me former en France pour 3 ans ? Il fallait de nouveau demander à mes parents s’ils étaient d‘accord. Papa est venu la voir sans maman. Quand la question lui a été posée devant moi, il a répondu : « Elle est là, qu’elle réponde elle-même ! Si elle est d’accord, j’accepte ! ». Pour moi, j’attendais que ce soit lui qui réponde à ma place. Alors, je me suis retrouvée devant les deux supérieures et mon papa, à donner ma réponse : « Je vais essayer ; si ce n’est pas bon, je reviens au pays. » La supérieure dit alors : « Si c’est ça, on te ramènera ».
En juin 1966, les sœurs ont fait signer un papier qui accompagnait ma carte d’identité nationale pour le voyage. Elles m’ont mise dans un centre ménager. Je vivais avec les pensionnaires et pendant les vacances, je restais à la communauté. J’appréciais cet esprit de simplicité, leur accueil, la visite des familles pauvres. J’accompagnais l’infirmière qui allait faire des soins à domicile. J’ai découvert qu’en France aussi il pouvait y avoir des pauvres comme chez nous.
Mon désir de vie religieuse, qui semblait se perdre, revenait de plus en plus fort. Un jour, j’ai pris la décision de le partager par lettre à mon ancienne maîtresse qui était de retour en France. Elle a fait lire la lettre à la supérieure générale et à la maîtresse des novices. Celle-ci m’a inscrite alors à une retraite d’orientation pour un discernement afin d’éprouver dans la prière et devant Dieu si mon désir était réel. Une fois la décision prise, la supérieure générale m’a convoquée pour me demander dans quelle congrégation je voulais entrer. Ma réponse fut alors : « Je rentre au pays et je vais choisir ». Après un silence, elle me dit : « et pourquoi tu ne rentres pas chez nous ? » « Je veux servir chez moi, je ne voudrai pas rester toute ma vie en France. » Elle me répond alors : « Mais non ; si vous êtes plusieurs à entrer chez nous, je retire les sœurs françaises et vous, vous continuerez l’œuvre commencée… » Ce qui m’a permis de lui dire : « Si je peux faire la formation, le noviciat et rentrer au pays, alors OUI ».
Je suis donc rentrée au postulat en octobre 1969, au noviciat en 1970 1ère année, 1971 2ème année. Le 8 septembre 1972, j’ai fait ma première profession et le 8 septembre 1977 mes vœux perpétuels. Après mes premiers vœux, je suis rentrée au pays. J’ai repris des études en vivant en communauté à Brin. J’étais au collège des sœurs du Saint Sacrement pour la 6ème et 5ème et au collège du Sacré-Cœur pour la 4ème et 3ème. En 1980, j’ai fait la formation en maternité de Diembering chez les sœurs Piaristes.
En 1983, j’ai été envoyée au dispensaire de M’Lomp, puis je suis retournée en France en 1985 pour être au service des sœurs aînées et en 1986, pour une formation des formateurs en préparation à Lyon. En 1987, je suis revenue au dispensaire de M’Lomp puis, en 1988, j’ai été envoyée à Tambacounda chez les sœurs de Saint Joseph d’Annecy pour encadrer leurs juvénistes. En 1990, je suis envoyée à Lyndiane pour tenir le juvénat de notre congrégation. En 1997, je suis envoyée à Lyon, au foyer Saint Michel pour le 3ème an. C’était mon 2ème noviciat. Merci au passage à Sœur Catherine Louis de m’avoir proposé ce cheminement qui m’a marquée jusqu’à présent. Cette expérience, je l’ai vécue avec beaucoup de joie ; j’ai pris conscience de la valeur de mon engagement libre et personnel.
En 1998, je suis alors envoyée en mission en Côte d’Ivoire. J’ai lié cet envoi à l’invitation que Jésus faisait à Simon de quitter le rivage, d’avancer en eau profonde et de jeter le filet… Avancer avec eux pour un autre pays. Je me suis laissé déplacer avec confiance sur la Parole, sans résistance. D’abord à Tissalé, puis à Taabo en 2009 jusqu’au 16 novembre 2018 où j’ai rejoint la France pour des soins. Depuis 2019, je suis de retour à Lyndiane.
Je rends grâce au Seigneur pour tout ce qu’Il m’a permis de vivre, pour son Amour et sa fidélité à mon égard. Il m’a aimée et m’aime telle que je suis avec mes hauts et mes bas. Merci à ma congrégation qui a cru en ma vocation et qui m’a soutenue, soignée jusqu’à aujourd’hui.
Merci à ma famille, maman et papa pour cet amour donné qui m’a aidée à avancer. Je me souviens, après mes vœux définitifs, papa m’a fait asseoir à côté de lui et m’a dit : « Dieu a exaucé mon souhait, ma prière. Je voulais être prêtre mais le père missionnaire m’avait alors répondu qu’avec mon âge ce serait difficile d’étudier. J’ai alors dit au Seigneur : ‘Je vais me marier, qu’un de mes enfants réalise mon désir.’ Quand tu m’as annoncé que tu voulais être sœur, j’ai prié fort pour que tu ailles jusqu’au bout. Maintenant que tu es engagée pour la vie, je peux te le dire… Merci pour tes prières. » Merci à la communauté paroissiale, au curé qui est de cœur avec nous. Merci à chacun et chacune de vous. Merci à la chorale, au clergé. Merci à ma communauté où il fait bon vivre. Merci à toutes les mamans.
Sr Marie-Angélique Diandy (ISSJ) Lyndiane (Sénégal)
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