
Avoir pu faire moi-même une expérience bénéfique et je dirais même déterminante de ce service, vécu selon la tradition ignacienne, quand bien même j’avais à ce moment-là, de sérieuses réticences à l’égard d’un langage « d’époque » dont certains termes m’écorchaient les oreilles !…
Fort heureusement, le service obtenu alors, m’a permis de franchir cet obstacle et de découvrir par-delà les termes anciens (cf livret des Exercices) et avec des mots plus contemporains, la réalité spirituelle sous-jacente. La manière de procéder de l’accompagnateur choisi, pour un temps de retraite suivi d’un accompagnement dans la durée, a grandement contribué à cette expérience fructueuse pour moi.
Une expérience fondatrice donc : qui m’a permis, (au cœur d’une période d’épuisement et de sérieux questionnements…) de faire relecture d’un parcours de vie, grâce à une écoute en « stéréo » :
- Prise en compte de mes traversées, ou diverses étapes parcourues avec leurs aléas… et au cœur de ce terreau existentiel que, pour faire image, je qualifie de « glaise dans laquelle j’ai été pétrie » inscrire la mise à l’écoute d’un récit d’écriture retenu en fonction de quelques résonances déterminantes avec mon propre vécu : résonances repérées dans les temps de relecture de la prière de contemplation, sur tel passage de ce récit, résonances nommées dans les temps d’accompagnement. (Il s’agissait alors d’un temps de retraite puis décision fut prise de prolonger cette expérience dans la vie ordinaire en adaptant les modalités bien sûr… Les rencontres d’accompagnement (qui ont été quotidiennes au cours de la retraite dans un centre spirituel) sont devenues ponctuelles = plus occasionnelles, et adaptées au rythme de vie qui reprenait son cours.
II/ Les Fruits de cette expérience : celle d’une mise à l’écoute en stéréo : c’est-à-dire : parcours de vie et récit d’écriture (Cela peut concerner aussi une étape particulière d’un parcours…) m’a permis de faire plusieurs découvertes significatives, parmi lesquelles celle que certains psaumes nous signalent sans que forcément nous les entendions personnellement : par exemple « Une lampe sur mes pas Ta Parole une lumière sur ma route !… » Voici que dans ce récit d’écriture contemplé au cœur de ma réalité obscure, au cœur de mes ténèbres, Une Parole venait faire sens, c’est-à-dire me « rejoindre personnellement dans la nuit éprouvée et ce faisant, « éclairer ma route, m’orienter, telle l’étoile polaire qui indique le Nord à celui qui cherche sa route…) J’entendais alors pour moi cette belle expression de l’Hymne : «Tu es venu Seigneur dans notre nuit tourner vers l’aube nos chemins.»[/vc_column_text][vc_text_separator title= » » color= »custom » border_width= »10″ accent_color= »rgba(244,233,225,0.4) »]

A/ Celui d’une Parole créatrice de vie qui vient me rejoindre dans une traversée obscure vécue dans la désolation, vécue alors comme une errance, et qui suscite la confiance pour me remettre en route en demeurant de manière attentive, durable et déterminée à cette écoute (que je qualifie d’écoute en stéréo.) Je précise que cette mise à l’écoute permet de découvrir, au sens d’expérimenter la pertinence de cette recommandation d’Ignace qui nous invite en début du temps de prière à
B/ « Demander ce que je désire » : De fait, la Parole de Vie vient à la rencontre de notre désir le plus juste souvent enfoui et méconnu parce que prisonnier des zones obscures, ou confondu avec diverses sortes de demandes plus apparentées à divers besoins qui recouvrent ou masquent le véritable désir. Cf. ce qui se passe dans l’expérience de la femme samaritaine en recherche d’eau mais quid de la soif d’eau vive, que l’auteur de la Parole de Vie va lui révéler, ayant écouté à la fois sa recherche et son errance ? Expérience relatée en Jn. 4.
C/ Un goût pour cette Parole et le désir de faire partager cela, en proposant à d’autres frères et sœurs en humanité de s’orienter vers cette Source Vive.
Dans un premier temps j’ai accueilli, sur les conseils de l’accompagnateur, l’invitation à travailler un récit d’écriture pour le proposer lors de retraites à des groupes divers s’inscrivant dans un Centre Ignacien ou dans une Congrégation religieuse ouverte à des laïcs. J’ai aussi pris quelques moyens pour me former à l’accompagnement tel que proposé dans ces centres, accueillant des retraitants et progressivement, je me suis investie dans ces services (Je précise qu’au départ je n’avais nulle perspective de ce type. C’est en chemin, un appel à mettre en action la grâce reçue que cette mise au service a pris corps. C’est en chemin et comme fruit de l’expérience personnelle vécue que cette orientation : un service d’accompagnement de retraite en suivant un parcours d’écriture, est advenu pour moi.) Puis, progressivement aussi, se sont manifestées des demandes d’accompagnement personnel dans la vie courante que je continue d’honorer selon ce qui m’est possible, toujours avec cette perspective :
- a/ Me tenir à l’écoute de ce qui se passe pour chaque personne reçue et l’inviter aussi à prendre la parole sur son propre parcours, son expérience de vie (sous forme de relecture)
- b/ Me tenir à l’écoute de ce qui résonne en elle dans sa propre mise à l’écoute d’une Parole proposée… En vue de
- c/ Discerner avec elle, les appels de l’Esprit de Vie qui lui sont adressés, et les « tentations ou forces de mort à l’œuvre » qui peuvent venir contredire ce mouvement créateur (cf. le combat spirituel à affronter)
- Pour, car telle est la visée, permettre à cette personne de consentir et :
- d/ Choisir d’entrer en liberté c-à-d permettre à la Promesse de Vie qui retentit dans l’Ecriture, de visiter sa propre histoire, et de l’accueillir, en vérité pour qu’elle s’y accomplisse : cf. la réponse de Marie à l’annonce de l’Ange faite de la part du Seigneur : «Que ta Parole s’accomplisse !…»
Ce service m’invite à la vigilance pour demeurer en juste place : distance juste, celle du serviteur qui ne doit pas se mettre au centre, il n’est pas un « maître » mais il est là plutôt pour veiller aux conditions de l’écoute, proposer une Parole… Serviteur, invité à s’effacer pour laisser parler l’Esprit et si besoin, aider à reconnaître Sa voix. (cf. aide au discernement des motions que vit la personne accompagnée.) Cet effacement est un point de vigilance pour moi. Il peut donner lieu à quelque déplacement à consentir pour éviter des interférences qui seraient dommageables. Saint Ignace invite l’accompagnateur qui indique certes, les repères utiles pour se tenir à l’écoute, « à laisser la créature face à son créateur !…» Livre des exercices spirituels : annotations.
Sr Françoise Laurent (ISSJ) 07 Aubenas
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