Sr Catherine Louis

De 27 octobre 2022 Abonnés
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Accompagner ?

Il est courant aujourd’hui de parler d’accompagnement et je me demande parfois si nous n’abusons pas de ce terme en le mettant à toutes les sauces. Il y a tant et tant de manières d’accompagner.

En réfléchissant à cette question je me suis demandé quand est-ce qu’était né en moi cet appel intérieur ? Outre les responsabilités engagées durant mon adolescence en Eglise je me suis revue, jeune religieuse, au Collège d’Annonay, invitant les élèves à exprimer leur attrait profond, leur désir  spontané, en vue de les aider à trouver à la bibliothèque le livre qui les passionnerait et creuserait leur soif.. Première vraie expérience d’écoute qui m’amenait à découvrir une dimension d’intériorité, qui ne se manifestait pas beaucoup dans leur comportement en classe.

Plus tard, à l’occasion d’une retraite, personnellement accompagnée, je me souviens d’avoir été invitée par Sr Andrée Blachère, à repérer dans le parcours que je venais de vivre, l’articulation entre les quatre semaines des Exercices. Elle me proposait ensuite d’utiliser ma découverte, dans le travail catéchétique qui était le mien. Moment inoubliable que cet échange qui me fit entrer dans une double expérience : la manière dont le Seigneur me visitait et la mise à ma portée d’un outil pédagogique pour aider les autres à se laisser à leur tour conduire par l’Esprit-Saint dans le présent de leur vie.

A partir de ce moment-là, j’ai commencé à offrir dix jours de mes vacances d’été, au Centre spirituel de Vanosc, lieu concret de formation à l’accompagnement des membres d’une communauté temporaire formée de Jésuites et de sœurs de St Joseph, qui s’appuyait sur trois axes principaux : l’apprentissage de la relecture, un travail sur le livret des Exercices, le suivi rassurant de superviseurs.

Peu à peu, outre les retraites, j’ai commencé des accompagnements dans la vie. Une autre forme d’accompagnement. Le cadre y est plus souple mais plus exigeant aussi. On s’y retrouve seul, plus vulnérable. Je ne m’attendais pas à entendre ce que j’ai parfois entendu. Je ne m’attendais pas, non plus, à recevoir au plus intime de moi-même, des paroles de l’Ecriture fortes, percutantes, lorsque je parvenais à faire taire en moi l’inquiétude ou le raisonnement « Qu’est-ce que je vais pouvoir lui dire ? « J’ai fait – et je fais encore – l’expérience que, dans l’accompagnement spirituel, nous sommes trois : Dieu, l’accompagné, l’accompagnateur. Cette triangulation qui évite le face à face, caractérise l’accompagnement spirituel, lui donne tout son sens et le distingue des multiples formes d’accompagnement proposés dans notre société.

J’ai souvenir de moments extrêmement bouleversants pour la personne accompagnée, ou pour moi-même, de prises de conscience radicales de l’action active, amoureuse de Dieu, de consolations d’une douceur indicible… Je n’oublie pas les moments de désolation, les silences lourds, les cris de révolte, et les heures décisives de combat et de retournement grâce à une Parole guérissante, l’infinie tendresse et miséricorde de Dieu expérimentée dans le pardon reçu.

Tout cela m’a amenée à me retrouver et à me reconnaitre dans les propos du Père Médaille, m’éprouvant moi-même comme « vil instrument », « chétif néant », entrainée dans une « anéantie humilité ». « Persuadez-vous cette vérité que vous ne faites rien autre chose en ce monde, sinon mettre empêchement à la grâce de Dieu » (Max 58) car « pour si pures que semblent vos intentions, croyez que vous vous cherchez toujours vous-mêmes en quelque repli caché de votre amour propre, et que votre nature se trouve toujours mêlée avec les opérations de la Grâce » Maximes de perfection N° 14 p 199. C’est bon parfois d’être ainsi remise à ma vraie place !

J’ai aussi beaucoup travaillé les textes de l’Ecriture, personnellement ou en groupe, en vue de donner à la Parole de Dieu toute sa place dans cet exercice d’écoute. La Parole est incisive et tranchante, elle introduit cohérence et sens et aide souvent la personne accompagnée à « faire la vérité et à venir à la lumière » par la relecture de ce qu’elle vit dans un regard de foi. Elle lui permet de découvrir un Dieu d’une patience inouïe, un Dieu pour lequel, elle est unique et a du prix, un Dieu qui vient la cherchersans cesse et la recrée, un Dieu qui ne la juge pas et l’appelle à faire de même, un Dieu – en Jésus – qui habite en vérité les mots qu’Il prononce et les actes qu’Il pose, et nous apprend doucement à faire de même.

C’est au creux de ce long travail que j’ai acquis peu à peu une plus grande liberté intérieure, ce qui m’a amenée à utiliser des œuvres d’art pour faciliter l’expression des personnes accompagnées afin de leur permettre ainsi d’extérioriser leurs sentiments. Tout cela a réveillé ma propre attention, mon écoute, ma relation à Dieu, ma prière qui s’est beaucoup simplifiée, donné sens à mes relectures, mon accueil des autres et de leurs difficultés.

J’ai appris aussi à me tenir humblement au pied de l’autre, à accueillir sa vie comme une terre sacrée, et cela bien au-delà de ses failles, de ses difficultés, humaines, psychologiques ou autres. « Enlève tes sandales, cette terre que tu foules est sacrée » Ex 3,5

Ce service ecclésial qui a toujours représenté un certain attrait spontané pour moi, s’est tricoté tout au long de ma vie religieuse au creux des diverses missions qui m’ont été confiées et qui avaient chacune une dimension d’écoute, ce qui m’a entrainée à partager mon expérience dans nombre de formations données. J’y ai trouvée pour moi-même une voie faite pour des marcheurs qui doivent être allégés pour tenir la route. J’y trouve toujours, joie, et occasion d’action de grâce. Ma vocation de sœur de St Joseph en a été comme unifiée, tout en restant très marquée par la dimension de simplicité et de cordialité proposée dans nos textes primitifs. Elle donne sans doute à ma manière de vivre cet accompagnement une note particulière.

Catherine  Louis (ISSJ) Clermont-Ferrand

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