ruralité [vc_row type= »in_container » full_screen_row_position= »middle » scene_position= »center » text_color= »dark » text_align= »left » overlay_strength= »0.3″ shape_divider_position= »bottom »][vc_column column_padding= »padding-2-percent » column_padding_position= »all » background_color= »rgba(244,221,203,0.18) » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »3px » width= »1/1″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none »][vc_column_text]Arrivée dans le Tarn en septembre 2019, j’ai très vite recherché en plus de mon engagement dans la Fraternité des sœurs de St Joseph, un lieu d’Eglise sur ce nouveau terrain. C’était juste avant la covid. Le village de Milhars dépendait de la paroisse St Martin de Cordes-Vaour-Cahuzac soit dit un prêtre pour 48 clochers et… les kilomètres à parcourir !
Il venait d’être nommé à la suite d’un prêtre issu de la Communauté des Béatitudes qui, elle aussi, a quitté la région. Grand changement de style passant de l’un inscrit dans une dynamique communautaire à l’autre, au charisme très fort mais personnel et d’une personnalité bien marquée :

Vie antérieure désordonnée à l’extrême, conversion à la st Paul, totalement, passionnément donné, véritable aimant tel le pôle Nord, drainant des foules ! c’est tout d’abord ce que j’ai perçu avec étonnement, les premiers Dimanches. Selon le village où la messe était célébrée, affluence de voitures venues de partout, remplissant places et parking !
Messes inspirées, chantées, soutenues par le tambourin dansant et la voix puissante de ce phénomène de curé, amoureux du St Esprit, de son Dieu, de ses ouailles, tout dévoué à la Vierge Marie. Un spectacle en soi, émergeant du fond de ses entrailles et qui réveillait !
A la sortie, stimulés, les gens s’attardaient, se parlaient comme en fête !
Autour de lui, une équipe de fervents, animée d’un même dévouement, des ouailles éblouies, consolées, retournées, fidèles et rassurées…

Voilà au premier abord. Puis j’ai mieux rencontré des personnes, et le covid aussi est passé par là, refroidissant les ardeurs.
Messes masquées, limitées à quelques villages, les plus importants et centraux, nombreux villages abandonnés de ce fait. Alors de-ci de-là, sont nés des petits groupes – chapelet, une ou deux personnes par banc -, qui ont permis d’ouvrir une fois par semaine ces pauvres églises désertées.

A Milhars, quelques vieilles dames obstinées m’ont vraiment touchée, tellement résolues, parcourant le village et ses environs d’un pas ferme et rapide malgré les ans : ce genre de « vieilles qui dansent avec les loups ». Deux, trois années par-dessus, les dos se voûtent, les douleurs s’installent et, même si les yeux pétillent et la plainte est contenue, le pas ralentit, l’une ou l’autre se fait absente, sans relève… Ainsi l’une d’entre elles, moteur et très active autrefois, se tourne de plus en plus vers la messe télévisée, à défaut de trouver quelqu’un pour la véhiculer… Et c’est vrai, pour la pratique ou le lien avec l’Eglise, la télévision est un secours !

Des équipes de laïcs issus de Cordes et des anciens, noyaux, accompagnent les familles lors des obsèques qui sont l’occasion de rassemblements dans les villages : la cloche sonne le glas, l’église s’ouvre sur toute cette foule amie qui s’attarde au cimetière. On se retrouve aussi lors des grandes fêtes liturgiques de l’année et dans l’église toutes les chaises se remplissent, surtout depuis cette année où le Covid fait moins peur.

Baptêmes autour de Pâques, confessions, quelques mariages carillonnants et tapageurs… bien des villages gardent la tradition des crèches, même si l’on n’y dit pas la messe. Ces crèches permettent de faire le tour des églises antiques et belles en soi pendant le temps de l’Avent, dans l’attente de la venue de l’enfant Jésus, le Messie, avec un prolongement durant le mois de janvier, laissant le temps aux Mages de venir et d’adorer… Quelques pèlerinages dans la région, à Livron chez des Carmélites missionnaires déchaussées anciennement installées, En-Calcat chez les bénédictins et bénédictines, leurs beaux chants grégoriens, et la librairie si riche, sans oublier le ou les cars pour Lourdes …

L’instruction religieuse des enfants n’est plus prioritaire. Les aumôneries perdent places dans les collèges et lycées. Les mercredis sont très occupés par toutes les activités annexes et seul le désir ardent de certaines familles fait que des enfants participent au catéchisme dans la paroisse…

Peu à peu, au cœur de certaines réunions pour plus de convivialité, on partage le repas.
Le désir n’est pas mort, on se cherche, des petits groupes de prière, de lecture biblique, de préparation à la messe du dimanche se forment, émergent, balbutient, s’évanouissent, renaissent et prennent corps, avec ou sans prêtre.
Une soif est là, souterraine. Une source vivante, doucement émerge surtout lors de causes qui viennent nous remettre en mouvement, tels certains appels à la solidarité, aux soins les uns des autres, à la protection de la nature et ses millions d’espèces… La périphérie est un riche terreau d’inventions ; sans être nommé, c’est parfois dans son giron que renaît avec force l’Evangile et toutes ses vertus de patience, de force et de générosité, au-delà des routines et de l’esprit de clocher…

La démarche synodale donnera-t-elle de bons fruits ?
Ses appels résonneront ils ?
Saurons nous sortir de nos ornières, ouverts à l’Esprit Saint ?
Serons-nous nombreux à retrousser les manches, à retrouver un nouvel élan, ouverts sur le monde tel qu’il est, aujourd’hui ?

Isabelle Lacheret, membre de la fraternité

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