
Allo ! Allo ! Nant…
Depuis 3 ans notre communauté est installée à Nant dans le sud Aveyron, dans la Vallée de la Dourbie, au pied du Larzac où se vit la plus grande partie de notre mission dans la paroisse St Amans, Larzac, Dourbie, Cernon.
Le Larzac, plateau calcaire, est le plus vaste et le plus méridional de tous les Causses du Massif Central. Il se situe principalement dans le département de l’Aveyron, mais il déborde sur l’Hérault.
Plusieurs cours d’eau le délimitent : la Dourbie, le Tarn, le Durzon, le Cernon.
A l’Ouest du département, nous découvrons le site de Roquefort où se fabrique ce fromage, connu et apprécié bien au-delà de l’Aveyron.
Sous le Larzac, il y a une grande réserve d’eau qui alimente Nant, et tout le Nord du plateau du Larzac. Au Xème les bénédictins ont bâti des canaux qui existent encore aujourd’hui et qui permettent aux habitants d’avoir de l’eau pour arroser gratuitement et abondamment. De chaque côté de notre jardin, nous avons un petit canal qui fait le bonheur d’Odile…
Il existe aussi de nombreuses grottes et avens qui font la joie des spéléologues.
La faune est aussi bien représentée dans cette région : sangliers, chevreuils, biches, rapaces avec les vautours et dernièrement l’implantation d’une nouvelle espèce : les gypaètes.
Le loup, espèce protégée, a fait des ravages cette année : une soixantaines de brebis ont été égorgées dans un périmètre très proche de Nant. Fortes tensions entre les ruraux et la société protectrice des animaux.
Du XIIème au XIVème siècle, l’Ordre des Templiers et ensuite celui des Hospitaliers ont agrandi des villages situés dans des recoins stratégiques du Causse du Larzac pour le protéger.
Depuis, l’exode rural a dépeuplé nombre de ces villages. De 1866 à 1968, le Larzac a perdu les 2/3 de ses habitants.
Depuis 1968 dans la zone revendiquée à l’époque par le gouvernement pour les militaires et après la lutte des paysans conduite par José Bové, la population n’a cessé de rajeunir.
Nant est un village de 1000 habitants à l’année, qui quadruplent en juillet et août. Région très touristique offrant la possibilité de belles balades et la rivière Dourbie attire de nombreux kayakistes et des sportifs faisant du rafting. Les moines ont construit une belle abbatiale qui fait la fierté de la population, on y célèbre actuellement. Le village avait sa propre église qui aujourd’hui est désaffectée et à vendre.
Nous sommes à 33 kilomètres de Millau, à 1h15 de Montpellier et à 3h de Toulouse. Lorsque la population a besoin de soins dans un grand centre, les distances ne facilitent pas les visites des familles à leurs proches.
Notre paroisse fait partie du doyenné de Millau, elle compte 12 clochers et plusieurs petites chapelles dispersées dans la campagne. Elle est très étendue, ce qui pose des problèmes de déplacements pour les messes, les célébrations, la catéchèse et les rencontres diverses.
Nant est un village très vivant. L’école est ouverte à 75 enfants, les enfants qui rentrent en 6ème vont sur Millau et après dans les grandes villes pour ceux qui rentrent en faculté. Il y a de nombreuses associations et de nombreux clubs très actifs pendant la saison creuse.
Les gens sont très accueillants et nous ont permis de bien nous adapter et de vite nous insérer dans le bourg et les villages alentour.
A Nant vient de s’ouvrir une maison de santé, sœur jumelle de celle de la Cavalerie (village à 15 kms où se trouve un régiment de la Légion Etrangère). Elle permet à la population d’avoir médecin, kiné, infirmières, dentiste, pédicure, psychologue, un service ADMR. Tout ceci favorise le suivi des soins et évite de faire bien des kilomètres.
Sur le Larzac, les fermes sont isolées les unes des autres, elles ont une grande superficie. L’éloignement et les déplacements en voiture ou en engins agricoles ne facilitent pas les rencontres, d’où un certain isolement fortement ressenti par certains.
Les CUMA (Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole) regroupent des agriculteurs qui investissent ensemble dans l’achat de matériel et s’organisent pour utiliser ces équipements sur leurs exploitations respectives : lieu de rencontre entre eux.
Il y a de nombreux bergers célibataires et la solitude est encore plus pesante pour eux.
La région vit principalement de l’élevage des brebis et des activités rattachées à cet élevage.
La société Roquefort traite une grosse partie de ce lait, mais plusieurs petites laiteries se sont créées ces derniers temps, elles ne peuvent pas fabriquer du Roquefort, le label étant réservé aux industriels de Roquefort.
Il y a peu d’arbres fruitiers, sauf des noyers, les céréales sont aussi adaptées au sol sec. Ici, nous ne sommes pas dans la Beauce !!!!!
Beaucoup d’exploitations sont gérées par des GAEC, bien équipées en matériel agricole, mais souvent avec de gros emprunts. Certains ont du mal lorsqu’il faut rembourser… Le problème est encore plus lourd pour ceux qui travaillent seuls. Ils sont obligés de produire de plus en plus, donc de travailler de plus en plus, s’en suivent le stress, la fatigue, la déprime. D’où la difficulté de l’installation de jeunes agriculteurs.
S’ajoute l’augmentation du prix des céréales, des engrais, du carburant. Et aujourd’hui, en plus, le problème de la sécheresse… Lors d’une rencontre, D et B nous disaient : « Si ça continue, pourrons-nous cultiver les terres, nourrir les brebis ?… Pourrons-nous nous nourrir nous-mêmes de notre travail ?… » Ce débat a fait encore plus prendre conscience du sérieux de la situation.
Ces dernières années, 2 jeunes du secteur se sont suicidés et quelques autres ne vont pas bien. Une équipe de CMR (Chrétiens dans le Monde Rural) essaie de se faire proche de cette réalité. Monique a été appelée à rejoindre cette équipe : proposition de rencontres de ruraux jeunes et moins jeunes autour d’un apéritif ou un repas partagé. Chacun a la possibilité de partager ou pas ce qu’il vit.
De plus, la MSA de St Affrique (Mutualité Sociale Agricole), vu l’ampleur du problème, a convoqué des professionnels et des associations proches des ruraux. Elle a fait appel entre autres au CMR. En lien avec cet organisme, nous proposerons de l’écoute, de l’entraide et du soutien pour accompagner selon nos capacités ceux qui sont en difficulté. Nous prendrons des temps de relecture régulière pour continuer à avancer ensemble.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row type= »in_container » full_screen_row_position= »middle » scene_position= »center » text_color= »dark » text_align= »left » overlay_strength= »0.3″ shape_divider_position= »bottom »][vc_column column_padding= »padding-2-percent » column_padding_position= »all » background_color= »rgba(244,236,230,0.28) » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »3px » width= »1/1″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none »][vc_column_text]
QUE VIVONS-NOUS ICI ? QUE VIT NOTRE COMMUNAUTE ?
En arrivant ici, nous avons plongé dans un milieu rural spécifique avec pratiquement que l’élevage des moutons sur des terres plutôt arides.
Depuis notre arrivée, nous avons eu le souci de tisser des liens avec les habitants de notre grand secteur, de notre paroisse, de notre doyenné et du diocèse. Après avoir regardé les réalités de ce secteur, nous avons écouté les joies, les peines, les souffrances et les attentes des uns et des autres :
Un de nos souhaits était de faire route avec eux, de répondre aux attentes perçues et très vite nous nous sommes rendu compte qu’il serait important de permettre à de petites équipes de se retrouver et de partager la Parole de Dieu.
Nous accompagnons trois équipes, deux autres sont en chemin dont une avec des jeunes, qui vient juste de naître.
Nous avons des temps de prière communautaires, mais pas ou peu d’eucharisties en semaine. Nous avons une messe le dimanche ou le samedi soir à la Cavalerie, l’église la plus centrale, et, chaque mois, une église différente a possibilité de vivre un temps de célébration de la Parole. Nous avons le souci d’aider les paroissiens pour que petit à petit, ils puissent les préparer et les animer eux-mêmes.
Le secrétariat de la paroisse est assuré par sr Marinette actuellement. Elle a le souci de faire vivre la maison paroissiale, mais ça n’est pas tâche facile.
Nous sommes loin de l’Evêché de Rodez où se passent de nombreuses réunions diocésaines ou des journées de rencontres, de formation. Pour y aller, il faut 1h 45 de Nant, même temps pour le retour, plus le temps de la réunion. Beaucoup de chrétiens hésitent à faire le déplacement ; lorsqu’ils rentrent, le travail reste à faire. Les ainés trouvent le trajet trop long et aujourd’hui, plusieurs hésitent à cause du prix du carburant. Nous essayons, lorsque c’est possible, d’être des démultiplicateurs ici sur place.
Nous avons le souci d’appeler une ou deux personnes de chaque clocher pour que l’équipe de liturgie soit vivante et les célébrations animées.
Les visites aux personnes en EHPAD ou seules à domicile sont très appréciées. Agnès en a bien le souci. Nous nous retrouvons en équipe de SEM régulièrement.
Plusieurs équipes du Rosaire se retrouvent tous les mois et vivent des partages de la prière, de la Parole de Dieu et de la vie. Agnès, Marinette et Odile y participent.
Nous avons la chance d’avoir un grand jardin. Odile le cultive, elle a souvent la visite des voisins ou de gens de passage.
Ils échangent des graines, des plants, et de nombreux conseils (Pastorale du jardin.)[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row type= »in_container » full_screen_row_position= »middle » scene_position= »center » text_color= »dark » text_align= »left » overlay_strength= »0.3″ shape_divider_position= »bottom »][vc_column column_padding= »padding-2-percent » column_padding_position= »all » background_color= »rgba(244,236,230,0.28) » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »3px » width= »1/1″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none »][vc_column_text]
QUELS DEFIS POUR NOTRE TERRE ACTUELLEMENT
Lorsque nous en parlons avec les personnes vivant ici, nous sentons bien que plusieurs défis sont à relever.
-1) Il y a le problème du climat et surtout de l’eau. Notre terre se réchauffe et sans eau les cultures ne poussent pas et les animaux ne peuvent plus vivre. Comment faire des réserves d’eau ? Quels comportements mettre en place pour influer sur le climat ? Les territoires les plus fragilisés sont ceux qui se consacrent à l’élevage. L’Etat ne doit pas les oublier ! Comment ce monde rural va faire entendre sa voix ? Ce monde doit prendre sa place et participer aux réformes mises en place par l’Etat pour ne pas être oublié. Si les hivers continuent à être aussi secs et sans neige, les réserves d’eau vont s’épuiser très vite.
Aujourd’hui sur le Larzac on note un changement de sorte d’agriculture. On voit plusieurs jeunes qui viennent s’installer pour faire du maraîchage sur des petites structures. Certains cultivent des légumes, des plantes aromatiques, ils fabriquent des huiles essentielles, ils font de la bière, du pain, de la charcuterie vendus sur les marchés ou au magasin des paysans qui vient de s’ouvrir à Nant. Ce magasin fonctionne très bien, il est tenu par ces jeunes (la plupart venant des villes et souvent très diplômés), à tour de rôle et ils n’ont rien de baba cool. Nous allons nous approvisionner chez eux régulièrement. A leur arrivée, les anciens les regardaient en s’interrogeant ; aujourd’hui, ils reconnaissent qu’ils s’en sortent plutôt bien.
-2) Un autre défi c’est de permettre aux gens de ce territoire de se rencontrer. Avant, disent-ils, nous nous retrouvions à la sortie de la messe, nous allions au bistrot, nous échangions, vrai lieu d’échange et de partage. Comment faire vivre nos maisons paroissiales pour qu’elles deviennent de vrais lieux d’accueil et de partage ?
Le bon air et les grands espaces ne suffisent malheureusement pas à compenser l’isolement, l’abandon, le sentiment de solitude qui peuvent se manifester dans certains coins du Larzac.
Actuellement cet isolement est aggravé par la hausse du prix du carburant qui impacte fortement le budget des habitants de ce territoire, contraints à se déplacer quotidiennement.
-3) Le défi de la santé. Actuellement l’Etat doit éviter que les territoires ruraux continuent de se vider des personnels médicaux.
La construction de maisons médicales est un point important et positif pour les zones rurales. Sur le secteur, deux maisons médicales et deux pharmacies permettent de se soigner sans être obligé de partir trop loin, même si rien n’est jamais parfait.
–4) Pareil pour les scolaires, à partir de la 6ème, ils font 33 à 45 Km pour se rendre au collège à Millau.
Aussi sont-ils heureux de la construction d’un CEG à la Cavalerie, Il va ouvrir en 2023.
-5) Un défi ecclésial. Deux prêtres pour un grand doyenné, faisant leur possible pour assurer des messes au risque de s’y épuiser et de ne plus rencontrer les gens. Ils courent d’une église à l’autre et se désolent de ne pas avoir de contacts profonds avec les chrétiens et les non chrétiens du secteur.
Dernièrement un des prêtres est venu sur la paroisse vivre un temps de visite pastorale dans les villages. Temps très apprécié et par le prêtre et par les habitants. Des liens nouveaux se sont tissés avec les pratiquants et les non pratiquants.
Nous savons tous que l’Eucharistie est importante pour notre vie spirituelle, mais n’y aurait-il pas d’autres moyens pour vivifier un territoire à partir de la lecture de la Parole de Dieu et permettre de vivre la communion autrement ?
Les chrétiens semblent devenir indifférents face à la religion et le Covid n’a rien arrangé. Comment retisser des liens qui semblent se distendre de jour en jour ?
Comment rejoindre les enfants et les jeunes ? Le catéchisme devient squelettique, un seul petit groupe pour la paroisse réunit les enfants à la Cavalerie. Comment mettre des jeunes en route pour qu’ils trouvent sens à leur vie ? Comment aider les mamans catéchistes qui parfois manquent de formation ?
De plus en plus de communautés religieuses ferment leurs portes, alors qu’elles maintenaient un tissu social par les liens qu’elles tissaient avec les uns et les autres.
A partir de fin octobre, sur notre paroisse, nous serons la seule communauté pour les 12 clochers.
-6) Défi aussi de ne pas trop se crisper sur les différences dans la façon de vivre les pratiques de notre foi (traditionnalistes, charismatiques….)
Le camp militaire sur le Larzac est un diocèse dans le diocèse. Leur façon de vivre la pratique religieuse n’est pas forcément la même que celle vécue sur la paroisse. Il y a parfois des tensions inévitables et pas toujours faciles à régler.
Nous, à notre place, nous devons nous faire un cœur écoutant avec le souci d’être artisan de paix dans la vérité, de créer des liens, d’être appelantes.
Avoir à cœur de pointer tous les germes d’espérance que nous remarquons. Nous soutenir en les partageant entre nous et avec d’autres et porter dans la prière quotidienne ce territoire qui nous a si bien accueillies.
Les sœurs de Nant.
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Avec eux, nous grandissons en humanité et devenons semeurs de vie. » »][/vc_column][/vc_row]
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