Les pluies d’automne, le froid ont eu raison de sa santé….

Soeurs St Joseph Paris avec SDF [vc_row type= »in_container » full_screen_row_position= »middle » scene_position= »center » text_color= »dark » text_align= »left » overlay_strength= »0.3″ shape_divider_position= »bottom »][vc_column column_padding= »padding-2-percent » column_padding_position= »all » background_color= »#f4f4f4″ background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »5px » width= »1/1″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none »][vc_column_text]

Patrick, Jan, Roberto et les autres… Les pluies d’automne, le froid ont eu raison de sa santé.

P. installé avec sa femme sur un banc, de jour comme de nuit, sans abri, sans pouvoir s’allonger, était tombé si bas qu’il n’a pas eu le courage de s’en sortir. Il a été hospitalisé, puis plus de nouvelles… ni de lui, ni de sa femme.

Un chocolat chaud, une soupe, ils appréciaient ! C’est peu mais c’est un rendez-vous qui s’instaure.

Une poubelle s’installe. La générosité des passants s’est accumulée, s’entasse autour du banc soumis à la pluie et à la pourriture ! Les riverains mènent une pétition. La police les menace d’expulsion de ce lieu, leur « chez eux ». Je prête main forte au couple pour déblayer un peu. Et la maladie les éloigne.

Un peu plus loin c’est Y. polonais, qui se bat pour survivre. Un autre gars, puis un autre le rejoignent, ils sont trois ou quatre au gré des humeurs : solidarité, connivence ou rivalité modifient les journées qui s’égrènent. Le lever du jour et la tombée de la nuit déterminent un horaire approximatif. Je m’assieds avec eux. J’écoute leur vie, leurs drames, leurs peurs, leur désespoir, leurs colères, leurs larmes. Je découvre leur richesse, leur solidarité, leur dignité meurtrie, leur beauté intérieure.

Italien, slovaque, polonais, algérien, guinéen, français… qu’importe, il y a toujours eu une rupture dans leur histoire qui a provoqué cette chute vertigineuse, qui les coupe de l’affection des leurs, les brise dans leur vie professionnelle. L’alcool est une rustine éphémère qui illusionne et anesthésie quelques instants une douleur trop vive. « Ce n’est pas dur, c’est très très dur » dit l’un d’eux entre deux sanglots.

On s’est apprivoisés, je suis attendue. « Tu m’as menti ! Tu avais dit mercredi, tu n’es pas venue ».

« Tu es responsable de ce que tu as apprivoisé » dit le petit prince.

« Je suis responsable de ma rose ! »

La police les chasse de leur coin de trottoir, leur « chez eux ». Les services de la mairie déblayent ce qui reste de leur vie, leur couche, leur trésor !

Toujours ils reviennent dans leur quartier où ils ont leurs habitudes, où ils ont créé du lien, où ils sont connus de passants généreux : une soupe, une cigarette, une pièce de monnaie ! C’est si bon !

Aller aux périphéries ! sortir, aller vers… Cette violence de la rue a pris visage pour moi, elle est relation qui m’habite, et modèle ma prière.

Elle me parle de création, de miséricorde, de fraternité. Car nous sommes créatures tous au même titre, enfants du même Père. Nous nous appartenons les uns aux autres, nous dépendons les uns des autres. Ils ont beaucoup à m’apprendre.

L’un d’eux me disait dans sa langue maternelle (que j’ai pu vérifier sur une application) :

« Je m’appelle Jan, c’est comme celui du livre (la Bible). Je suis comme lui, je ne suis pas digne de lui enlever ses tongs ».

« Tu parles de Jean Baptiste ? »

« Oui, oui, c’est lui, pour moi c’est pareil ! »

Ils m’appellent : Maria.

Soeur Marithé Chapuis.

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

Laisser un commentaire