Jeannette Londadjim (ISSJ)

[vc_row type= »in_container » full_screen_row_position= »middle » scene_position= »center » text_color= »dark » text_align= »left » overlay_strength= »0.3″ shape_divider_position= »bottom » shape_type= » »][vc_column boxed= »true » column_padding= »padding-2-percent » column_padding_position= »all » background_color= »rgba(244,205,176,0.27) » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »10px » width= »1/2″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none »][vc_column_text]Depuis plus d’un an, je travaille au Lycée Collège Charles Péguy  (Etablissement privée sous tutelle Saint François Xavier à Paris), un groupe Scolaire d’environ 1400 élèves (Primaire-Collège-Lycée et Post-Bac) qui fête cette année ses 80 ans d’existence. Au Sein de Charles Péguy, j’ai la responsabilité d’un petit Centre d’Aide et D’accompagnement Scolaire (Pavillon) qui est, à la fois indépendant et très dépendant du Lycée. Gérer le pavillon est ma responsabilité première au sein de l’Etablissement. Mais, à côté de cette charge, je fais des surveillances d’études ou de récréations et participe à la formation religieuse et spirituelle des collégiennes et quelques lycéens.

Avant de vous parler des jeunes que je rencontre, permettez-moi, d’abord de vous présenter le Pavillon pour mieux saisir mon rôle auprès d’eux. Le Pavillon, c’est une petite maison au sein de l’établissement, séparée du Lycée par un jardin. Il a ouvert ses portes en 1979 à l’initiative de Louise Marie EPRON, membre de la communauté Apostolique Saint François Xavier, tutelle de l’établissement. L’objectif du Pavillon était de donner un cadre de travail serein, une aide et un accompagnement aux enfants des écoles publiques et privés du 11ème arrondissement. Il se trouve que ce service offert aux jeunes et enfants du quartier, a fait du pavillon un lieu où on peut tisser des liens à tous les niveaux : liens entre les lycéens de Charles Péguy et les élèves plus jeunes du quartier, liens avec les parents et les moniteurs qui sont les élèves du lycée, mais liens aussi des adultes professeurs du lycée ou retraités venus du quartier ou de la paroisse Saint Ambroise dont dépend le lycée. Ces élèves s’engagent à l’année pour un temps de bénévolat d’une heure par semaine. C’est un engagement exigeant parce qu’ils s’engagent dans la durée et avec un règlement qui s’inspire de celui du lycée qui l’accueille.

Comme adulte responsable de cette structure qui fonctionne comme « une école dans une école » mais sans vraiment être une école, mon rôle est de faire le suivi et la coordination de toutes les personnes qui y interviennent.

Mon rôle est d’accompagner la liberté des lycéens bénévoles dans la prise de responsabilité qu’ils font auprès des plus jeunes et cela en lien avec les responsables de niveaux du lycée. Je fais aussi le lien avec les parents des enfants et des jeunes inscrits au Pavillon mais aussi avec les établissements d’où viennent les enfants et les jeunes pour se faire aider.

Concrètement, cela veut dire faire confiance aux jeunes, à leurs initiatives, à leur capacité de jugement, à leur sens de l’écoute des plus jeunes, à leur capacité pédagogique, qui peut parfois être chancelante ou au contraire se renforcer, tant ils mettent un point d’honneur à réussir leur mission.

Cela suppose de ma part d’être attentive et à l’écoute de leurs besoins, mais aussi que je puisse être capable de reprendre des choses avec eux parfois quand ils ont du mal à se faire respecter par leurs élèves, ou à les tenir en place pour qu’ils se concentrent et travaillent. Bref, les accompagner dans leur rôle de moniteur qui suppose d’allier bienveillance, bonté et fermeté. Ce qui n’est pas toujours facile, même pour des adultes aguerris dans le métier.

Dans leur manière de faire, les jeunes ont besoin de créer avec le plus jeune qu’ils aident une certaine relation d’amitié voire de complicité et de confident.e. pour que ça marche. Certains me disent, ne pas trop vouloir endosser l’image du professeur trop rigide et exigent… Et de fait, ça marche ! Car j’ai vu des changements que cela provoque chez les plus jeunes qui viennent au début en traînant les pieds et qui maintenant, arrivent en courant parce qu’ils ont de la joie à retrouver leur moniteur, à apprendre, à lui raconter les progrès et réussites de la semaine. Ce changement se vérifie aussi dans les résultats, et c’est une vraie joie et fierté pour eux autant que pour moi.

Au Pavillon, les jeunes sont pleinement associés au rôle éducatif que comme adulte, nous jouons auprès d’eux dans le lycée. J’aime les appeler « mes collaborateurs » et je suis attentive à leur renvoyer le positif de ce qu’ils font. Ce n’est pas toujours évident de passer d’un statut à un autre dans un espace relativement proche. Mais ils arrivent à le faire.

Ma grande joie souvent, c’est lorsqu’un jeune vient me voir : « Mme, je peux vous parler ? » « Bien sûr ! » « Je pense que pour M…, il faut peut-être parler avec ses parents ou son CPE parce qu’il y a ça, ou ça… ».[/vc_column_text][/vc_column][vc_column boxed= »true » column_padding= »padding-2-percent » column_padding_position= »all » background_color= »rgba(244,205,176,0.27) » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »10px » width= »1/2″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none »][vc_column_text]Faire confiance à leur jugement, à leur capacité de discernement, prendre au sérieux leurs observations a permis de vraiment aider les enfants ou des jeunes qui vivaient des situations difficiles. En tous cas, il m’est donné d’être dans la contemplation de « tout l’homme » déjà là, et pourtant en devenir, des personnalités déjà bien typées et à la fois quelque chose de l’homme encore en construction… Joie de partager leur joie devant le progrès des plus jeunes, ce sentiment de faire quelque chose d’utile et de participer à leur manière à la lutte contre les inégalités est quelque chose qui les porte beaucoup.

D’ailleurs, reprenant votre question pour savoir ce qui les fait vivre aujourd’hui et pourquoi, ils ont choisi de s’engager bénévolement au Pavillon (à noter que certains y sont depuis leur classe de 2nde, donc c’est leur 3ème année d’engagement), ils disent :

  • Faire quelque chose qui ait du sens. Rendre heureux les autres,
  • La musique, l’art de manière générale, tout ce qui peut rendre à la vie sa beauté
  • Se rendre utile et participer ainsi au changement de la vie en société,
  • La famille, pouvoir rendre fière ceux qui m’ont donné la vie.
  • Les liens sociaux qu’ils soient familiaux, professionnels, toute rencontre qui ouvre à la différence
  • La justice dans toutes ses dimensions eco-système… en tous cas, faire quelque chose qui ait du sens comme participer à la consommation engagée est très important pour moi. Il nous faut réfléchir à notre mode de consommation, aux petites actions modestes qui à notre mesure peuvent changer le monde.
  • La vie est tellement démoralisante que donner de mon temps pour donner de la joie à un enfant, me fait participer à la lutte contre l’injustice à ma mesure. Il faut parler avec des actes et c’est ce que je fais en venant au Pavillon pour aider.
  • Quand j’étais plus jeune, je rencontrais des difficultés à l’école. Mes parents payaient cher pour que je sois aidé, et maintenant, je peux aider un enfant gratuitement, c’est une fierté pour moi de combattre l’injustice sociale en aidant d’autres jeunes qui sont comme nous finalement.
  • C’est peut-être utopique et un peu fou, mais j’aimerais contribuer à la venue d’un monde sans crise économique, sans guerre, sans injustice, un monde de paix, etc.

Finalement, je crois que je tire la force de tenir au quotidien dans la confiance instaurée entre jeunes et moins jeunes dans une communauté éducative qui nous porte, dans cette passion commune de lutter contre les injustices en contribuant modestement à réduire les inégalités. Ils sont sensibles à une certaine cohérence, cette authenticité d’être, cet ajustement entre nos paroles et nos actes, et je crois que nous nous stimulons réciproquement à vivre cela !

Sœur de Saint Joseph dans ce lieu, je crois que je vis sans cesse quelque chose de la disponibilité de Joseph attentif à la sollicitation de l’ange et prêt à y répondre en s’ajustant à la volonté de Dieu. J’essaie de me rendre disponible à une qualité de relation qui suppose de ma part, dé-maitrise ou lâcher-prise pour accueillir ce qui vient. Je leur offre une « qualité de présence qui rejoint ce qu’on porte en soi de plus profond » aide à faire advenir la parole. Avec les jeunes, je vais de surprise en surprise, acceptant de dialoguer avec eux sans démagogie, de les questionner en suscitant souvent une réflexion personnelle. Je réalise qu’ils aiment ça, ils sentent qu’ils peuvent parler librement. Finalement, je vis quelque chose de la « charité envers le prochain » qui est simplement d’être bon. Être bon dans le domaine de l’éducation, c’est de montrer à ces jeunes dont j’ai la charge que je les aime. C’est être bienveillant et à la fois ferme. Il me semble que dans la relation éducative, si le respect disparaît, on n’est plus dans l’éducation. Et cela est une exigence pour moi autant que pour les jeunes. Dans mon travail, même si je participe à la formation de « l’intelligence de la foi », ce n’est pas ça qui est premier. Le gros de mon travail est d’accompagner la croissance humaine. L’annonce de Jésus Christ n’est pas forcément explicite, mais présent. Travailler à « l’humanisation des relations » est quelque chose qui me nourrit beaucoup. Voilà !
Sœur Jeannette Londadjim[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row type= »in_container » full_screen_row_position= »middle » scene_position= »center » text_color= »dark » text_align= »left » overlay_strength= »0.3″ shape_divider_position= »bottom »][vc_column column_padding= »no-extra-padding » column_padding_position= »all » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »none » width= »1/2″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none » column_border_style= »solid »]

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