Imelda Théron (ISSJ)

De 21 février 2022 Abonnés
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Béatrice : Qu’est qui t’a fait choisir les Sœurs de St Joseph pour donner ta vie au Seigneur ?

Imelda : l’expérience que j’ai faite à l’époque, parce qu’à l’époque ce n’était pas comme aujourd’hui : les gens, ils rentrent, ils sortent, ils font ce qu’ils veulent. Je ne connaissais que les sœurs de St Joseph, pas de question quant au choix de l’Institut. D’ailleurs je fréquentais peu les sœurs parce que j’allais à l’école laïque ; c’était un petit village et les parents n’avaient pas les moyens de nous mettre en pension, ils ne pouvaient pas, ils étaient trop pauvres, des petits agriculteurs. Donc je voyais les sœurs pour les retraites de premières communions. Je n’ai pas fait une expérience forte mais un appel discret cheminait en moi et qui faisait route avec moi, c’était le Seigneur je suppose. Je voulais être religieuse. Il parait que je disais que ça, mais je ne m’en souviens pas de ça. Mais dans mon entourage à la maison, on disait toujours que je voulais être religieuse. Je voulais être religieuse, j’avais 12 ans et j’étais déterminée à être religieuse même si je ne voyais pas ce qui se disait autour de moi. Un jour, où on ramassait les pommes de terre dans un champs, je me suis dis qu’il fallait que je dise à mes parents que je voulais aller au couvent. A 12 ans, on était plus mure qu’aujourd’hui je crois, ça me trottait dans la tête. Alors de prends mon papa : « papa, je voudrais te dire quelque chose : je veux aller au couvent » chez nous on parlait comme ça à l’époque. Et papa m’a dit : « soit, tu iras au couvent ». Aucune influence de mes parents. Aucune, mais ils ont tout fait pour que se réalise mon désir ; Ils ont tout fait pour que je parte. Ce n’était pas loin St Etienne mais ça ne fait rien… et j’avais entendu parler des sœurs de St Joseph, c’est pour ça que je suis allée là.

Je suis heureuse dans cette vie que le Seigneur a choisie pour moi et appelée à le servir avec mes pauvretés. Je rends grâce.

B : dans ce début de vie religieuse, qu’est ce qui a été fort pour toi ?

I : Ce qui a été fort, c’est de partir à la suite du Christ, parce que c’était ça qui me mobilisait

B : mais ça s’est incarné, ça a pris chair ?

I : Ça a pris chair en donnant ma vie.

B : Et comment tu l’as donnée ta vie ?

I : J’ai tout donné quand je suis partie.

B : et tu as fait quoi, tu t’es mise dans une chapelle à prier ?

I : non, je suis partie à St Etienne, je me suis mise au service de la Congrégation. C’est ce que j’avais désiré, c’est ce qui m’était demandé, le service.

B : ça t’a donné envie de continué ?

I : j’étais résolue à continuer, ça continuait il n’y avait pas de problème, malgré les obstacles, parcequ’il y a eu des obstacles. Parceque quand je suis partie, il y avait ma soeur, on était presque jumelle, on avait 11 mois de différence. Elle me disait, si toi tu pars, moi je viens avec toi parceque je ne veux pas rester toute seule. On était quand même très liée. Moi je décidais, je savais que je voulais partir ; je l’ai demandé aux parents, ils étaient d’accord. « Et bien je viens avec toi ». Elle est restée un ou deux mais ce n’était pas sa vocation. Ça s’est passé comme cela.

Voilà je t’ai tout dit. Je pense que le Seigneur voyageait avec moi parce que je ne sais pas comment j’aurais fait autrement. Parce qu’à 12 ans être déterminée comme je l’étais. Je ne me posais pas la question du mariage. Ma soeur ainée était mariée. J’ai eu des épreuves. Je ne me suis pas posée la question de revenir en arrière. J’avais une corde qui m’avait attaché à Lui et qui a tenu solide. Toi tu n’as pas vécu la même chose, chacun a son histoire et son chemin. Si on voulait raconter son histoire, il y a des passages qui ne sont pas faciles.

B : Mais il y a eu d’autres expériences fortes qui donnent de tenir quand le chemin n’est pas facile ?

I : oui, tout à fait.  J’en ai fait un peu, ce que nous demande St Ignace, pas davantage. C’est ça que tu voulais savoir ?

B : oui. Et aujourd’hui comment tu vois la Congrégation, comment tu la sens vivre ?

I : Comment je vois la Congrégation ? Comment elle reste vivante … Pour moi, après avoir cheminée toute une vie et jusqu’à aujourd’hui, à 89 ans bientôt, et avec les sœurs vieillissantes, je la trouve encore bien vivante car elle reste ouverte au besoin du monde en essayant de répondre à ses appels dans chacune de ses situations, c’est moi qui le vois comme ça, tout en tenant compte du vieillissement. Je crois qu’on est quand même attentives à nos maisons de Sœurs aînées et à ses membres en les aidant à mieux vivre dans chaque maison où elles se trouvent par des visites nouvelles des conseillères de l’Institut. Je dis ça parce que lorsqu’on attend quelqu’un de l’Institut on est tellement contentes d’avoir des nouvelles de la congrégation et de tout le monde ; c’est unanime dans la maison je crois qu’on attend ça et puis aussi la participation au travail d’année, à « Chemins », on s’intéresse beaucoup à tout ça. Eliane aussi est très attentive. Tout cela me fait vivre, un point très important de l’Institut, mais c’est personnel, c’est notre relation à Dieu dans la prière et le quotidien de nos vies. Je le vois comme cela, mais pour nous toutes il faut qu’il y ait ce lien de la prière pour que la Congrégation reste vivante. Finalement c’est notre mission, apporter notre plus, c’est le Seigneur qui peut le faire. On prie beaucoup pour ça. Je suis persuadée que nos prières sont une aide pour les plus jeunes qui sont en activité, pour que le Seigneur les accompagne. Voilà je t’ai tout dit.

Tu voulais savoir d’autres choses ?

B : A l’heure d’aujourd’hui tu dirais quoi ? Attends Seigneur ?

I : Que bientôt je vais le rejoindre. Quand j’ai été très fatiguée, c’est sûr mais bon j’essaie de continuer à vivre, il faut bien sinon on se laisse « bouffer ».  On continue à vivre mais voilà on est limitée dans nos désirs et nos capacités. Je suis limitée, je veux parler de moi surtout parceque je suis une des plus limitée au niveau physique, parcequ’on est dépendant des autres, il faut accepter tout cela. Le matin tu as besoin d’une infirmière pour te laver, pour t’habiller et tu deviens dépendante. Ça, ce n’est pas facile mais on fait avec.

B : Lui aussi, il a fait ce choix là… En venant petit enfant, il a choisi aussi d’être dépendant …

I :  moi je me rends davantage compte parceque j’avais une activité ; là elle est réduite des ¾ au moins même si je sais y’a des fois que je voudrais faire des choses mais je ne peux pas c’est comme ça et accepter d’être comme ça ce n’est pas si facile que ça ; il faut une dose d’abandon énorme au Seigneur. Moi je m’endors souvent avec la prière de Charles de Foucault tous les soirs.  On en a vu d’autres. En Afrique, mon Dieu l’Afrique… Je ne passe pas un jour sans y penser, d’une manière heureuse mais tout d’un coup il me vient une image… tu vois. C’est curieux.[/nectar_highlighted_text][/vc_column][vc_column column_padding= »no-extra-padding » column_padding_position= »all » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »none » width= »1/2″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none » column_border_style= »solid »][nectar_highlighted_text style= »full_text »]B : Plus qu’à d’autres endroits où tu es passée ?

I : Oh oui !  Ça c’est sûr oui ! les autres endroits, je crois que ça me vient moins à l’esprit. Pourtant Dieu sait si j’ai vu, si j’ai côtoyé des jeunes, je suis allée à la « maison d’enfants », j’ai vécu beaucoup avec des jeunes mais ça ne me vient pas à l’esprit comme l’Afrique. Les flashes qui me reviennent c’est l’Afrique… en général.

B : le Seigneur t’y a rejointe de manière particulière là-bas ?

I :  Ah, il faut croire. IL faut croire…  Il ne faut pas dire que j’y pense tout le temps, non mais tout à coup une image me revient d’Afrique, ce que je ne reçois pas des autres endroits. C’est curieux, c’est vrai tiens… en te le disant que je m’en rends compte… C’est curieux. Tiens c’est un clin d’œil du Seigneur ça… sans doute.

B : en même temps, en y partant tu étais audacieuse à sa suite.

I : j’étais audacieuse, oui parceque je traversais des choses quand même. J’avais demandé de partir. J’avais 59 ou 60 ans quand je suis partie en Afrique.  Parce que d’une part, les parents étaient là et j’ai passé une année chez mes parents où j’ai failli mourir… ah l’année que j’ai passée chez les parents ! c’est drôle pourtant c’était la famille. Ils m’ont fait partir. J’aurais dû être contente de les soigner. Tu ne peux pas savoir l’année que j’ai passée. Mon frère était venu, je suis allée pendant 48 H… et bien c’est curieux ça !

Quand mes parents sont décédés, ils étaient à Ruoms à ce moment-là, j’avais demandé à partir en Afrique. C’était Odile Brunel qui était supérieure à l’époque. Elle me dit, je veux bien que tu partes en Afrique mais je voudrais te demander quelque chose : j’ai un besoin pour Lyon, parceque j’ai demandé à plusieurs et j’ai eu des refus alors j’aurais besoin de quelqu’un à Lyon. Tu réfléchis… Donc j’ai fait un discernement. A ce moment-là c’était Françoise Laurent qui m’accompagnait. J’ai fait un discernement, qu’est-ce que tu veux si c’est le Seigneur qui te le demande, tu vas attendre un peu… mais Seigneur il ne faut pas que Tu attendes que je sois morte. Alors j’ai dit oui et je suis quand même restée 3 ans à Lyon et jamais l’idée de partir en Afrique n’a cessé de me poursuivre. Donc j’ai demandé de partir en Afrique, on m’a demandé de partir à Lyon 3 ans, il faut maintenant que je parte sinon après j’aurai 100 ans, ce n’est pas la peine d’y aller. C’était Régine Alauzen à l’époque ; Alors elle me dit tu partiras. Alors ça m’avait un peu réconfortée ; j’ai commencé à faire mes préparatifs, regarder les cartes. On m’a envoyée faire une session pour le départ en Afrique et après je suis partie au mois d’octobre. C’est Sœur Marie-Jean qui m’a accompagnée. J’ai bataillé quand même. Voilà comment je suis arrivée en Afrique, comme tu dis j’étais audacieuse parceque je me disais si tu ne pars pas maintenant c’est foutu, tu partiras plus. Quand j’y pense…. J’y suis restée 18 ans quand même donc c’est bien que le Seigneur voulait que j’y aille. Non ?

B : tu sais le Seigneur finit par s’accommoder aussi par ce que l’on trace

I : ce que l’on veut aussi, Il le veut bien… je suppose. J’étais bien en Afrique avec mes handicapés, mes prisonnières. Elles ont tellement pleuré quand je suis partie. Il y en a une qui me tenait comme ça, elle ne voulait pas que je parte. On s’attache un peu après. Voilà.

B : merci beaucoup.

……………………………………………………………………………………………………..

B : Donc 11 ans en Dordogne, puis après ?

I : Après j’étais malade. J’ai subi intervention, j’avais 24 ans, j’ai failli mourir j’ai eu une péritonite. Tu dois savoir ça.

Je suis restée un moment en clinique, avec une infection » carabinée » et là j’entendais le docteur qui disait « y’a que ça qui peut la sauver » On m’a fait un « traitement de cheval » pendant 40 jours je crois. Comme j’avais de la vigueur je m’en suis sortie.

Après la mère Augusta m’a envoyée au bord de la mer à Toulon pendant 6 mois pour que je récupère. J’étais hardie que je faisais travailler les malades. Quand j’y pense mon Dieu.

Après je suis allée 6 mois à Vendargues dans une communauté parce qu’il ne fallait pas que je m’éloigne trop de la mer. Tu vois j’ai subi des choses. Après je ne sais plus où je suis allée…

B : A Largentière, tu y as fait combien de temps ?

I : j’ai fait 10 ans.

B : Alors ça t fait encore quelque chose Largentière.

I : Après j’ai fait 7 ans à la maison d’enfant à caractère social à Aubenas. C’est après que je suis partie un an pour m’occuper des parents. J’avais eu l’autorisation de Sr Juliette Romieu. Je suis restée un an. Après on a fait l’ouverture de la maison de Ruoms. Mes parents ont été là, donc j’avais une activité et en même temps je m’occupais un peu des parents. Quand ils sont décédés tous les deux à deux ans d’intervalle, c’est à ce moment là que j’ai demandé à partir en Afrique et qu’on m’a envoyée à Lyon.

B : Après 18 ans d’Afrique ?

I : Après je suis rentrée. J’ai fait 2 ans à Seibel ; après, on m’a demandé de venir ici (Aubenas St Régis). Y’en avait pas encore assez, on m’a demandé de venir ici comme responsable à 80 ans… tu vois. On était 3 : il y avait, Eliane, Monique et moi pour travailler ensemble. Voilà pendant 4 ans et maintenant je ne fais plus rien.

B : tu ne fais plus rien parce que le Covid t’a arrêtée parce que tu faisais bien quelque chose.

I : toujours un peu mais je suis limitée dans mes possibilités.

B : Du bricolage, de la couture, du tricot…

I : je n’en fais pas beaucoup parce que mes mains ne fonctionnent pas bien. Je ne marche pas correctement, il me faut un déambulateur sinon je tombe ; si je tombe je me casse comme du verre. Alors on me dit fait attention, mais je fais que ça du matin que je me lève jusqu’au soir où je me couche. Attention, attention, attention….[/nectar_highlighted_text]

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Join the discussion 2 Commentaires

  • Ghislaine Céteaud dit :

    Merci Imelda pour ton témoignage. Ça fait chaud au cœur de te lire et de t’entendre !
    Ghislaine

  • Valentine PLAGNARD dit :

    Bravo Imelda,
    Merci pour ton partage si clair.
    Attention tu as toujours un grand sourire quand tu parles de l’Afrique!
    Dans ton atelier derrière toi on n’a pas su reconnaitre était ce un personnage africain ou une tortue?
    La communauté de Valence: Anne, Colette, Josiane, Valentine

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