Elisabeth Billard

[vc_row type= »in_container » full_screen_row_position= »middle » scene_position= »center » text_color= »dark » text_align= »left » overlay_strength= »0.3″ shape_divider_position= »bottom »][vc_column boxed= »true » column_padding= »padding-2-percent » column_padding_position= »all » background_color= »rgba(244,106,0,0.03) » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »3px » width= »1/2″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none »][vc_column_text]J’enseigne à l’université Clermont-Auvergne depuis douze ans, dans une filière qui forme des techniciens en biologie médicale à Bac+2/Bac+3. J’apprécie le contact avec les jeunes, j’aime leur humour, leur vocabulaire un peu décalé, et ils me préservent de vieillir trop vite dans ma tête. Mes engagements personnels sont aussi beaucoup tournés vers eux. Depuis huit ans, j’accompagne une équipe Espérance (15-18 ans) du Mouvement Eucharistique des Jeunes, je les vois grandir et s’envoler vers leur vie d’étudiant. J’ai aussi beaucoup d’occasions de côtoyer avec bonheur des enfants plus jeunes, les miens (1, 5 et 8 ans) et aussi leurs amis et leurs camarades d’école lors des sorties scolaires et à travers mon engagement comme parent d’élève. Tout cela, j’ai la chance de le partager par petits bouts ou par grands bouts avec les sœurs de Saint-Joseph (nous habitons tout près de la maison d’Aubière). Je dis parfois que j’aurais pu être sœur de St-Jo si j’avais connu la congrégation plus tôt, et ce n’est pas seulement pour rigoler : la manière de vivre des sœurs me parle et elle rejoint par plusieurs traits ce que j’essaie, à ma mesure, de transmettre à mes enfants et aux jeunes que je côtoie.

Les jeunes que je rencontre sont marqués par le contexte anxiogène, et pourtant il y a en eux de la joie et de la fraternité qui demandent à être cultivées. Pour cela, il faut que le cadre s’y prête, et c’est là que je situe mon rôle : permettre à cette joie de se manifester, leur faire prendre conscience de ce désir de fraternité et les aider à le concrétiser. Au MEJ, cela se fait assez naturellement par les chants, les rassemblements festifs, les temps de partage, les actions de solidarité. J’ai suivi plusieurs équipes successives et j’ai vu à chaque fois s’installer la confiance et l’amitié. Les moments de franche rigolade alternent avec l’écoute attentive et le silence bienveillant. Les jeunes partagent leurs doutes, leurs peines et leurs joies, débattent férocement sur des sujets d’Eglise ou de société, choisissent ensemble une action à mener au service du monde. Chez les étudiants, un compagnonnage se vit bien sûr entre copains, mais aussi (de manière plus ou moins réussie) dans des groupes qui ne se sont pas choisis : en groupe de projet ou de travaux pratiques, par exemple. J’essaye d’aider les étudiants à choisir de jouer collectif. Je leur parle en tant qu’individus mais aussi en tant que groupe, je cherche l’ambiance de promo, je les interpelle en tant que communauté. Je crois à la force de l’action commune au service des autres. Je transmets régulièrement aux étudiants des appels à la solidarité, que ce soit pour la collecte des restos du cœur ou pour donner leur sang quand les réserves sont basses. Je suis souvent émerveillée par tel ou tel jeune qui se manifeste ou s’engage de manière inattendue. Au MEJ, je constate aussi les fruits pour l’équipe de la relecture de ces actions, aussi modestes soient-elles : c’est là que la petite touche de Dieu se révèle.

Je vois qu’il n’est pas facile pour les enfants et les jeunes de grandir en paix avec eux-mêmes, dans la reconnaissance et l’acceptation de leurs talents et de leurs faiblesses, entre l’esprit de compétition, les canons de la beauté, les modèles de réussite valorisés par les médias… J’aimerais savoir semer chez chaque jeune la conviction tranquille d’avoir sa place, d’être aimé pour ce qu’il est, pour ce qui le rend unique, mais force est de reconnaitre que sur ce chemin, je tâtonne. J’essaie de montrer aux méjistes que leur parole est importante, et je ne leur cache pas que ce qu’ils disent me questionne et souvent me déplace. Nous en rions souvent ensemble.[/vc_column_text]

[/vc_column][vc_column boxed= »true » column_padding= »padding-2-percent » column_padding_position= »all » background_color= »rgba(244,106,0,0.03) » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »3px » width= »1/2″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none »][vc_column_text]A la fac, cela se joue dans l’attention que je prête aux étudiants sur le plan pédagogique, mais probablement aussi dans les discussions informelles à la pause ou pendant un temps d’attente en TP : autant d’opportunités de leur montrer qu’ils comptent pour moi, quelle que soit leur note en fin de semestre. Tous ont des choix à poser qui engagent leur future vie d’adulte, et ils expriment souvent une difficulté à choisir librement. Dans ces choix d’orientation, je devine l’Esprit qui travaille les cœurs, et c’est une joie pour moi quand je sens ensuite qu’ils trouvent de la saveur au chemin qu’ils ont choisi.

Avec les années j’ai ajusté et affermi mon positionnement d’adulte, pas au-dessus des jeunes, mais à côté d’eux : nous marchons un bout de chemin ensemble. Au MEJ, je peux partager mon expérience de foi, lire avec eux la Parole, mais je n’ai pas les réponses à toutes leurs questions. Ce que nous vivons, c’est une vraie expérience d’Eglise, et je ressens intensément qu’eux et moi nous sommes du même peuple : le peuple de ceux qui cherchent Dieu. Pour tenter de créer ce genre de dynamique à l’université, je m’efforce d’être vraie, sans trop me prendre au sérieux. Je m’applique surtout à ne pas avoir envers les jeunes des exigences que je ne m’appliquerais pas à moi-même : je ne suis pas une machine, eux non plus ; j’arrive avec mes joies et mes fatigues, eux aussi ; ils sont parfois en retard parce qu’ils ont raté leur tram, ça m’arrive également. Lorsque je nous sens démotivés ou stressés (car c’est contagieux, ça se transmet vite au prof !), j’aménage le planning ou je repousse une échéance. Je les encourage de mon mieux, mais surtout j’essaye de garder le cap, de fixer leur regard au-delà de la difficulté à surmonter. La lumière que je vois sur leur visage lorsqu’ils comprennent d’un seul coup une notion difficile, la confiance nouvelle que je sens en eux après un stage, tout cela est une grâce régulièrement renouvelée qui me donne des forces neuves.

Depuis plusieurs années, les sœurs de la communauté d’Aubière-Aulnat sont vraiment mes sœurs dans toutes les épaisseurs de ma vie, et spécialement dans l’épaisseur « jeunes ». Chaque sœur de St Jo que j’ai rencontrée est pour moi un cadeau (et comme je n’en connais que quelques-unes, je mesure ce que j’ai encore à recevoir !). J’ai appris avec Marie et Viviane à considérer le principe de réalité, j’ai aussi découvert par elles cette phrase toute simple qui m’a retournée comme une crêpe : Dieu nous aime aussi bien dans nos réussites que dans nos échecs… et me voilà libérée. Aujourd’hui, avec Françoise qui accompagne au MEJ l’équipe des FNOU, avec Béatrice engagée jusqu’au cou dans la pastorale des jeunes et l’aumônerie des étudiants, avec Solenne qui œuvre en pastorale scolaire, avec d’autres laïcs, j’ai le sentiment que nous formons une communauté d’action sur des lieux variés. Ce qui porte du fruit, c’est le travail en réseau et en famille spirituelle. Nous portons tous ensemble le souci d’une mission commune, rejoindre les jeunes là où ils se trouvent, leur annoncer le Christ par le moyen que l’Esprit nous inspirera, pas pour les garder captifs d’un mouvement ou d’une spiritualité mais pour les aider à se construire et à se lancer dans le monde. Pourrait-on dire : pour les aimer… Le soutien, la prière et l’aide de toutes les sœurs ne nous a jamais fait défaut, ni leur accueil chaleureux à la communauté (on y passerait des heures, n’est-ce-pas, à refaire le monde et l’Eglise). Cette forme de communion, je ne l’ai pas rencontrée ailleurs et elle me semble riche, riche de rencontres, riche d’expériences relues et partagées, riche de la complémentarité de nos vies, riche de futurs projets à inventer.

Elisabeth Billard, enseignante, mariée et mère de 3 enfants.

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