Aimée Daissala (ISSJ)

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Histoire de Kouassi Prince

Il y a trois ans, un homme se présente au sein de l’école avec un enfant de sept ans environ pour l’inscrire en classe de CP1*. C’étaient les débuts de la rentrée scolaire à l’école primaire Saint Joseph de Taabo (Côte d’Ivoire).

Quand le père s’est présenté avec son fils, il a pris le temps de nous expliquer le comportement de son enfant, son retard à l’école puisqu’il a déjà passé deux ans dans la même classe. Je me suis rapprochée de Prince pour lui demander son nom et j’ai été surprise par la réaction de l’enfant. Il s’est caché derrière son père et on voyait qu’il avait peur. A le regarder, on pouvait dire que c’est un enfant retardé. Mais ce qui me préoccupait, c’est la peur qui se lisait dans son regard. J’ai demandé au père si son enfant avait un souci de santé. Le père nous dit qu’à l’accouchement, il y a eu un peu de complications. Alors j’ai appelé la maitresse de CP1 pour lui demander si on pouvait inscrire Kouassi Prince dans sa classe. Je sentais comme un NON le silence de la maitresse. Le père s’empresse de nous supplier de le garder à l’école pour au moins être dans un milieu où il pourrait croiser les autres enfants. Il me dit : « la sœur, je veux qu’il soit chez vous pour devenir une personne ». Je lui ai répondu en disant que les enfants ici ne sont pas exactement comme Prince, et qu’il ne faut pas qu’il attende un miracle venant de chez nous car les enseignants ne sont pas formés pour accompagner un enfant comme Prince.

Après réflexion, nous avons accueilli Kouassi Prince en classe de CP1. A la rentrée des classes, Prince arrive dans notre école et s’est bien installé dans sa classe. Des semaines après, dans la cours de récréation, j’observe Prince dans un coin de la cour. Quand les élèves jouaient au ballon et que le ballon s’approchait de Prince, il fuyait en pleurant tellement il était terrifié. En classe dès que la maitresse disait qu’elle allait punir, Prince commençait à pleurer. Nous avons terminé l’année sans grand exploit avec Kouassi Prince.

A la rentrée suivante, le père se pointe encore avec son enfant. J’étais surprise mais je l’ai réinscrit encore en classe de CP1pour qu’il soit avec les autres enfants.

Lors de cette deuxième année, on a constaté que Prince courait avec les élèves de sa classe dans la cour de récréation. Il se mêlait même avec les autres au terrain de sport. C’est lui qui ramassait le ballon quand il était à son niveau. Il n’était plus dans son coin. J’ai été agréablement surprise de voir un jour Prince dans mon bureau pour me dire : « bonjour la sœur »….

A la fin de sa deuxième année en classe de CP1, le conseil des maitres a décidé que Prince passait en classe supérieure. Nous avons convoqué son père pour lui faire part de la décision et il nous dit alors : « Ma sœur, j’ai gagné car mon fils reste avec les gens, joue avec les enfants du quartier, il n’est plus effrayé comme avant. Même s’il ne passe pas en classe supérieure, le fait qu’il reste chez vous a changé quelque chose chez mon enfant… »[/vc_column_text][/vc_column][vc_column column_padding= »padding-2-percent » column_padding_position= »all » background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »10px » width= »1/2″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none »]

[vc_column_text]Cette année, c’est l’action de grâce, car c’est Kouassi Prince qui vient me raconter ce que les autres ont fait de pas bon dans sa classe. C’est lui qui prend le balai et nettoie avec les autres à la cantine après le repas. J’ai été dans sa famille et il a couru pour venir m’enlacer, puis est allé informer tous les enfants du quartier que la sœur était arrivée chez lui.

Aujourd’hui, Kouassi Prince est considéré comme tous les enfants de l’école Saint Joseph. On a oublié son handicap parce qu’il est traité comme tous les autres. Une fois, la maitresse était partie aux toilettes et ça bavardait dans la classe. Au retour de la maitresse il y avait des bruits ; alors elle demande à tous ceux qui ont bavardé de se mettre à côté du tableau pour recevoir leur punition. A notre grande surprise, Kouassi Prince s’est levé aussi. La maitresse lui a demandé s’il avait parlé aussi et lui a répondu : « oui maitresse ».

Le miracle que nous avions pensé impossible au début s’est réalisé pour nous. Cela a un goût de quelque chose que l’on a semé sans grand espoir mais aujourd’hui on récolte un fruit de joie.

Sœur Aimée DAISSALA
Ecole primaire saint Joseph de Taabo en Côte d’Ivoire, le 24 mars 2022

 

* en Côte d’Ivoire, le CP se fait sur 2 ans : CP1 & CP2

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