
INTRODUCTION
I – Rappel pour situer les Maximes et les écrits du père Médaille :
- Issues de l’expérience spirituelle du P Médaille
Ces maximes sont d’abord le fruit de l’expérience personnelle du père Médaille, jeune jésuite, il vit un appel à la perfection de l’amour dans l’exercice de sa mission. Il va transmettre cette invitation à une vie spirituelle forte sous forme de Maximes : phrases de sagesses adressées aux chrétiens qui se sentent appelés à vivre de manière conséquente leur baptême ; et qui désirent suivre le Christ.
A travers son recueil de Maximes le Père Médaille a un grand projet qu’il exprime dans la préface : « elles vous rempliront de Jésus-Christ, en vous dépouillant vous, pour vous revêtir de Lui et dans la plénitude de l’Esprit divin, vous établiront en la possession d’une parfaite paix, vous combleront de mérites et vous conduiront heureusement au bonheur de l’éternité. »
- Le Genre littéraire des maximes :
Pourquoi transmet-il son expérience spirituelle sous forme de Maximes ?
C’est un genre littéraire, qui à l’époque était très apprécié. Une maxime, c’est comme un résumé exprimant un certain nombre de règles de conduite donnant aux gens la possibilité d’acquérir une certaine sagesse. Ce n’est pas adressé aux intellectuels de son époque, mais c’est un texte mis à la disposition de tous ceux qui savent lire.
II – Approche du plan du texte des Maximes de la charité envers le prochain
A – les Maximes de la Charité envers le prochain, du N°4 à 10 réécrites.
Elles sont un développement de la Maxime 3 qui fait écho à l’hymne à la charité de St Paul. Elles sont reprises dans un langage actuel dans le Livret « des Maximes pour aujourd’hui »
Maxime 51 du petit Institut
Fais plaisir autant que tu le peux et de tout cœur à qui t’a peiné, ou même blessé. /maxime5
Maxime 52 du petit Institut
Interprète toutes choses en la meilleure part qu’elles puissent être interprétées. //maxime 4 et 6
Maxime 49 du petit Institut
Dans ta relation aux autres engage le même amour que pour la personne de Jésus Christ //maxime 8
Maxime 55 du petit Institut
Aie un amour désintéressé quand tu travailles pour le cher prochain. N’attends rien de ce que tu fais. Désire seulement le servir et ainsi louer Dieu. // maxime 9
Maxime 4 du petit Institut
Vis autant que faire se peut, de telle sorte que l’Esprit d’amour source de ton agir te conduise au don total de toi-même.
Soubassement des maximes en particulier N°10, amour de service où l’on prend la dernière place.
Ces phrases de sagesse, expriment comment aimer concrètement, afin de ne pas nous illusionner sur ce qu’est aimer son prochain.
B – Construction d’ensemble du chapitre « charité envers le prochain ».
Les 3 premières maximes du chapitre charité envers le prochain, nous donnent les bases sur lesquelles reposent l’appel à vivre la charité. En fait la première Maxime est LA MAXIME de l’amour envers le prochain :
« Aimez le prochain comme vous-mêmes (Mc 12,31) ; aimez-le comme JÉSUS-CHRIST vous a aimées (Jn 15,12) ; aimez-le en troisième lieu comme un véritable fils adoptif de Dieu, et comme membre du corps mystique dont JÉSUS-CHRIST est le Chef. »
Cette maxime nous invite à un cheminement, elle est une invitation à sortir de notre terre pour rencontrer l’autre comme Fils de Dieu et notre frère, inséré comme nous dans un corps social et pour certains dans le tissu de l’Eglise. Comment aimer ? le Père Médaille répond : regardez vers Jésus sur la croix et laissez-vous envelopper de son amour pour vous. C’est ici que vous trouverez la source pour aimer sans conditions.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row type= »in_container » full_screen_row_position= »middle » scene_position= »center » text_color= »dark » text_align= »left » overlay_strength= »0.3″ shape_divider_position= »bottom »][vc_column column_padding= »padding-3-percent » column_padding_position= »all » background_color= »#f4ece6″ background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »none » width= »1/1″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none » column_border_style= »solid »][vc_column_text]
DEVELOPPEMENT
I – Qui est mon prochain selon le Père médaille ?
C’est l’autre, sans distinction, il n’est pas d’une catégorie sociale particulière. C’est celui avec qui j’habite, le voisin, le collègue de travail ou le membre de la même association que moi, ou cet autre que je rencontre par hasard. Ce sont aussi les personnes auprès desquelles je suis au service.
II – Pour vivre l’amour du prochain : qu’est-ce qui vient de Dieu ?
quelle est la part de l’homme ?
Dans les 2 premières maximes de la charité envers le prochain, nous sommes situés, comme aimés par le Christ d’un ardent amour, filles et fils adoptifs de Dieu, membres d’un même corps : le corps mystique dont Jésus Christ est le chef. Voilà le fondement de notre amour pour le prochain, de notre charité envers l’autre.
Filles et fils de Dieu, le Père céleste
Dans la foi, tous les baptisés sont fille et fils de Dieu dans le Christ, ce qui les rend « un » en Lui. « le Père en moi, moi en Lui, et moi en vous » avons-nous beaucoup entendu dans le grand discours de Jésus après le dernier repas en St Jean. Cette unité, est un don à garder, qui appelle à reconnaitre la valeur absolue de chacun, personne unique, enfant de Dieu, pour qui le christ a donné sa vie. Cela me demande de me comporter d’une certaine manière envers lui.
Pour vivre notre baptême nous sommes donc invités à vivre la justice de l’Evangile, la loi nouvelle de l’amour des ennemis ; à servir dans l’esprit des béatitudes, à être vraiment les fils de notre Père qui est aux cieux : Lui qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes (Mt 5,45). En regardant le Père céleste on peut aller au-delà des limites de notre sensibilité blessée, en faisant le premier pas sur un chemin qui mène à la paix
III – St Joseph figure de la charité
A écouter ainsi un texte du Père médaille, il se dégage une impression de distance par report aux personnes côtoyées, une juste distance au service de la charité envers le prochain, en cherchant à se comporter envers lui, en imitant le Christ dans son amour pour l’humanité. Un modèle de cet amour désintéressé, discret et chaleureux correspond à la figure de St Joseph dans sa relation à Jésus, à Marie, et à toutes sortes de personnes. Réentendons la maxime 8 :
Faites tout ce que vous aurez à faire pour le service du prochain, avec un pareil sentiment de dévotion et de charité, que si vous rendiez les mêmes services à la propre personne de JESUS-CHRIST, ou à sa Sainte Mère.
Cette maxime fait écho avec une des 6 promesses à Dieu (protestation dans le langage du 17e siècle) que le Père Médaille demandait de faire régulièrement (à la fin du texte des Maximes, mais aussi dans d’autres écrits) :
Protestez à l’honneur du glorieux saint JOSEPH, que vous servirez et aimerez de tout votre cœur JESUS et MARIE, comme il les a servis et aimés, et que quand vous rendrez du service au prochain, vous le ferez dans l’esprit de l’humilité, de la douceur, et de la charité de ce grand Saint.
On retrouve la même intuition au N°10 des Constitutions actuelles des sœurs de Saint Joseph :
L’Institut porte le nom de SAINT JOSEPH. Sans prestige social, Joseph a vécu humblement, dans le service quotidien de Jésus et de Marie, une vie d’intime union au Père et de charité envers le prochain.
IV – Le soubassement pour vivre cet amour envers le prochain : vivre le chemin du Christ
Comment à la fois entrer dans cette distance par rapport à nos sentiments, nos émotions dans nos relations à l’autre, et vivre cette relation avec chaleur ? Le père Médaille nous propose de vivre un chemin d’union au Christ, tel que Saint Paul le décrit aux Chrétiens de la ville de Philippe : Ph 2, 1-5
1Si votre union avec le Christ vous donne du courage, si son amour vous apporte du réconfort et si vous êtes en communion avec lui par l’Esprit, si vous avez de la tendresse et de la bonté les uns pour les autres, 2alors, comblez-moi de joie en vous mettant d’accord, en ayant un même amour, en étant unis par le cœur et par la pensée.
3Ne faites rien par esprit de rivalité ou par gloriole, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. 4Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun de vous pense aux autres. 5Comportez-vous entre vous comme on le fait quand on est uni à Jésus Christ :
Selon Paul, accueillir l’Amour du Christ, le laisser inonder notre vie, se laisser mouvoir par l’Esprit du Christ, produit en nous courage, réconfort, et bonté, tendresse pour les autres. Cette union au Christ est notre nouvelle richesse, notre nouvelle sécurité, notre nouvelle assise, alors elle nous fait entrer dans un nouveau mode de relations au autres, celle de Jésus : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »
Mais ce n’est pas naturel, cela va contre nos aspirations premières de puissance, de maitrise, nos besoins de reconnaissance, de sécurité matérielle, de bien-être etc. Que l’on peut appeler attachement aux richesses. Rappelons-nous le « jeune homme riche » demandant à Jésus comment obtenir la Vie éternelle. Comment accepter de lâcher nos richesses ? en prenant le chemin du Christ, unit à Lui, nous dit St Paul (Ph 2,5-11)
5 Comportez-vous ainsi entre vous, comme on le fait en Jésus Christ :
6 lui qui est de condition divine
n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu.
7 Mais il s’est dépouillé,
prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes,
et, reconnu à son aspect comme un homme,
8 il s’est abaissé,
devenant obéissant jusqu’à la mort,
à la mort sur une croix.
9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé
et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom,
10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse,
dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
11 et que toute langue confesse que le Seigneur, c’est Jésus Christ,
à la gloire de Dieu le Père.
Le chemin du Christ c’est vivre ce basculement, de se laisser dépouiller de ses richesses, nos sécurités etc. pour recevoir notre vie nue de Dieu, une vie en plénitude avec Lui. C’est choisir la confiance radicale de Jésus qui abandonne sa vie dans les mains du Père.
Cette parole du père Ceyrac y fait écho : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu »
De même que cette prière du Père Médaille dans la 2e partie du livre des maximes : « SEIGNEUR JESUS, qui êtes ma voie, ma vérité, et ma vie, et qui désirez par une bonté souveraine de vivre en moi, et que je vive en vous, pour obtenir l’avantage de cette bienheureuse vie, je veux premièrement mourir à moi-même et m’anéantir entièrement, afin qu’il ne reste rien en moi qui s’oppose à l’introduction de votre chère vie. »
En fait c’est toujours un travail de conversion des convoitises et de la peur du manque, venant d’une fausse interprétation de la finitude, de la pauvreté radicale de toute créature. Le Christ s’est dépouillé afin que ceux qui croient en Lui n’aient plus peur d’être nus, et celui qui s’abaisse avec lui, de lui se revêtira.
Voilà la logique des relations communautaires des enfants de Dieu dans le Christ.
Je reconnais le Christ vivant dans ces frères et sœurs, qui me sont donnés, ils sont enfants du même père. Nous sommes unis à la même famille, nous appartenons au même corps mystique dont Jésus Christ est le chef comme le dit le Père médaille.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row type= »in_container » full_screen_row_position= »middle » scene_position= »center » text_color= »dark » text_align= »left » overlay_strength= »0.3″ shape_divider_position= »bottom »][vc_column column_padding= »padding-3-percent » column_padding_position= »all » background_color= »#f4ede8″ background_color_opacity= »1″ background_hover_color_opacity= »1″ column_link_target= »_self » column_shadow= »none » column_border_radius= »none » width= »1/1″ tablet_width_inherit= »default » tablet_text_alignment= »default » phone_text_alignment= »default » column_border_width= »none » column_border_style= »solid »][vc_custom_heading text= »Ouverture : à l’école des plus petits » font_container= »tag:h4|text_align:center|color:%23dd9933″][vc_column_text]Rappelons-nous la partie de l’orientation du Chapitre qui guide la réflexion de ce WE
« Nous reconnaissant nous-mêmes fragiles, dans un chemin de conversion, nous nous mettons à l’école des plus petits. Avec eux, nous grandissons en humanité et devenons semeurs de vie ».
Dans ce que nous avons considéré jusqu’à maintenant on a bien entendu l’aspect chemin de conversion, croissance en humanité (même si ce n’est pas selon les valeurs du monde), entrer dans la vie, et devenir semeur de vie
On a moins entendu l’aspect de se mettre à l’école des plus petits, si ce n’est d’être humble, de reconnaitre nos frères et sœurs comme supérieur à nous.
A la même époque que le Père Médaille, Saint Vincent de Paul disait aux premières sœurs de la Charité (Conférence du 25 Novembre 1658.), : « Les pauvres sont nos maîtres ; ce sont nos rois, il leur faut obéir, et ce n’est pas une exagération de les appeler ainsi, parce que Notre-Seigneur est dans les pauvres. » « Ce que vous faites au plus petit des miens, je le tiendrai fait à moi-même. » « Faites-vous des amis de vos richesses, afin qu’ils vous reçoivent ès tabernacles éternels. »
Le Père Médaille recommande pour celle qui aura la mission d’infirmière :« Elle doit être …, autant que faire se pourra, diligente, discrète, patiente, et surtout, elle ne doit respirer que la charité, tant pour bien servir les malades que pour supporter les chagrins et mauvaises humeurs que le mal cause quelquefois aux pauvres malades et infirmes, les divertissant doucement, sans jamais témoigner qu’elle est dégoûtée de leur rendre service. Qu’elle considère souvent Jésus-Christ malade en la personne » qu’elle soigne.
Dans les constitutions actuelles des sœurs de st Joseph (actualisés dans les années 1970 suite au Concile Vatican II) On retrouve bien l’aspect de la conversion, de la croissance de vie, de l’humanisation
- Au cœur des réalités humaines, le lieu précis de notre service devient le lieu même de notre rupture avec le monde, puisque nous sommes appelées à servir dans l’esprit des Béatitudes.
En ce lieu du service des hommes il nous est donné de rencontrer Dieu, de reconnaître et de contempler son action : œuvre de vie, d’humanisation et de libération en nous-mêmes et chez les autres.
L’aspect d’être à l’école des autres, et même à l’école des pauvres : cependant y est aussi présent :
- Assurées que le Royaume de Dieu est proche quand « la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » nous participons activement à l’œuvre d’évangélisation. Et, contemplant les richesses que Dieu a mises dans le cœur de nos frères, nous nous laissons aussi évangéliser par eux.
Le Père WRESINSKI avec le mouvement ATD quart monde a beaucoup développé, et réfléchi la Phrase de St Vincent de Paul « les pauvres sont nos maître », « et ils sont nos enseignants » ajoute-t-il. En 2013 l’expérience de DIACONIA, a développé dans l’Eglise cette mise à l’école des plus pauvres. Pendant le Chapitre nous avons bénéficié de 3 jours de formation sur ce thème, cela a fait écho avec ce que nous voulons vivre, et nous l’avons exprimé avec ce que nous sommes : nous nous mettons à l’école des plus petits.
INTRODUCTION A LA PRIERE
Pour intérioriser tout cela nous pouvons maintenant faire notre, cette prière du Père Médaille :
« Faites, (ô) bon JESUS, que dans mes rapports avec le prochain et dans toutes mes activités qui regarderont l’avancement de la gloire de votre Père et le salut des Ames, je me modèle sur vos exemples ; que je sois une sincère image de votre modestie, de votre douceur, de votre humilité, de votre patience, de votre affabilité, de votre zèle infatigable… ; et pour les imprimer en mon âme, vivez éternellement en moi. »
Soeur Valentine Plagnard
[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]
Commentaires récents